Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de la-vague-en-creux

societe

Le génocide oublié des Hereros

3 Juillet 2013 , Rédigé par la-vague-en-creux Publié dans #Société

Genocide-Hereros-copie-1.jpg

 

(Tiré du guide "Namibie" chez Lonely Planet, p.27)

On pourra aussi consulter le document pdf, "Quand le Nazisme faisait ses classes en Afrique", en français.

 

Note: Une rue à Windhoek, capitale de la Namibie, porte le nom du General Lothar von Trotha qui décida de l'extermination des Hereros en 1904. Un monument aux morts allemands de cette période, civils et militaires dans un parc situé en plein centre de la capitale Windhoek est surmonté de l'aigle prussien. Première fois que j'ai vu cela ! De temps en temps, les habitants de la capitale vous aborde avec toujours la même première question: "Sprechen Sie deutsch ?" En guise de réparation les citoyens namibiens n'ont pas besoin de visa pour se rendre en Allemagne. Un certain nombre d'écoles privées furent installées par l'Allemagne à Windhoek et ailleurs, payantes et assez chères...

Une statue équestre en bronze dans la même ville, représente un cavalier militaire des Schutztruppen (alias troupes de protection). Cette statue inaugurée en 1912 est dédiée et uniquement dédiée  aux soldats et citoyens et colons allemands qui moururent durant la période du génocide des Hereros et des Namas. En Pologne, à Varsovie, un monument commémore le génocide des Juifs du ghetto de Varsovie : en Namibie, à Windhoek la capitale, rien de ce genre. (voir la photo ci-dessous). On dirait que les victimes de ce génocide n'ont droit à rien, même pas un seul monument pour honorer leur mémoire.

Dernière nouvelle: L'Allemagne reconnaît le génocide des Hereros en date du 20-07-2018.

Voir le lien ici dans "Le monde Afrique"

 

Windhoek1.png                Windhoek2.png

 " Il y a eu également les camps de concentration construits par le général Lothar von Trotha dès 1904 en Namibie (pays d'Afrique) pour éliminer le peuple Herero opposé à la colonisation initiée par le gouverneur Heinrich Göring et aux armées du chancelier Von Bülow. Le désastre humanitaire fut effrayant : plus de 70 000 Hereros morts avant ou dans les camps de concentrations (pour causes de malnutrition, mauvais traitements, exécutions sommaires des malades ainsi que des plus faibles). Il ne faut pas oublier les expériences anthropologiques, scientifiques et médicales transformant les prisonniers hereros en cobayes humains. "

(tiré de Wikipédia, rubrique Camps de concentration)

"C'est dans les camps de concentration de l'Afrique australe que le docteur Eugen Fischer (NDLR: prédécesseur en cela de  Mengele, le médecin d'Auschwitz) a élaboré les théories sur l'hygiène raciale qu'il appliquera aux Juifs sous le IIIe Reich."

(tiré d'un article de Libération du 26 Juillet 2013, "La race ça nous regarde, écrit par le sociologue Éric Fassin)

Les Namas, dont on parle moins, joignent ensuite la résistance des Héréros et subissent le même sort. Après la fin des combats en 1907, alors que les rares survivants (15 à 25 % de la population d'origine) hereros sont dispersés dans la nature, les survivants namas sont internés en camps de concentration (33 à 50 % de la population d'origine survivra à la guerre et aux camps). 

Heinrich Goering, père de Hermann Goering -le fameux inventeur de la Gestapo jugé à Nuremberg et qui se suicidera en prison pressenti par Hitler comme numéro 2- sera le premier gouverneur civil de la colonie bien avant le génocide.

 

▼ Source: Traces de la colonisation allemande à Windhoek et Berlin .

Dans ce document pdf, les auteurs membres d'un institut -Institut sur le racisme et sur les crimes coloniaux localisé à Berlin- s'étonnent et s'indignent sur le fait que cette statue à Windhoek dédiée aux morts allemands de cette période, il ne soit fait mention des soldats et citoyens allemands et uniquement ceux-ci sans jamais prononcer le mot "génocide" et faire ainsi hommage aux miliers de victimes Hereros et Namas.

En 1904, en pleine guerre contre les Hereros et Namas, fut érigé dans la capitale un camp de concentration (KonzentrationsLager, terme attesté dès le 14 Janvier 1905 et qui apparaît pour la première fois en clair sur des documents allemands de l'époque) où furent emprisonnés des hommes, femmes et enfants et où des exécutions eurent lieu. Les soldats allemands avaient ordre de tirer à vue sur quiconque, homme femme ou enfant qui tenterait de quitter le camp. Des expériences médicales furent pratiquées sur ces cobayes humains par le docteur Eugen Fischer, futur membre du parti nazi.

Des photographies témoignent de cela, d'après les auteurs berlinois de cet institut. Voir la photo plus bas qui rappellent certaines photos prises par les GI américains en 1945 lors de la découverte en Allemagne des camps de Dachau, Büchenwald et Ravensbrück.

arton4274-77948.jpg

Traduction de la carte postale: Nos colonies! Les Hereros, complètement désorganisés par nos troupes allemandes et poussés à la famine

Extrait d'une lettre du Général Von Trotha datée du 4 Octobre 1904:

"La nation Herero devait être soit exterminée, ou dans l'impossibilité d'une solution militaire, expulsée du territoire. [...] J'ai donné l'ordre d'exécuter les prisonniers, de renvoyer les femmes et les enfants dans le désert. "

 

  • 1903: Révolte des Khoi et des tribus Hereros contre les colons et l'administration allemande.
  • 10 janvier 1904 : Début du soulèvement herero commandé par le chef Samuel Maharero. Witbooi se joint aux insurgés et mène une guerre d'embuscade. Disposant de six mille fusils, ils sabotent les voies de chemin de fer et incendient les fermes. Près de soixante colons allemands sont tués puis encore cent vingt-trois civils allemands. Le 11 juin 1904, le lieutenant-général Lothar von Trotha, nommé commandant en chef des troupes de la colonie allemande du Sud-Ouest Africain, débarque dans la possession du Reich avec pour mission d'en finir avec la révolte des Hereros.
  • 11 août 1904 : Bataille de Waterberg. Victoire décisive contre les guerriers Hereros du chef Samuel Maharero. En les encerclant de trois côtés, Lothar von Trotha ne laissait aux Hereros qu'une seule issue pour fuir : le désert du Kalahari. Alors que ces derniers essayent d'y trouver refuge, von Trotha fait empoisonner les points d'eau, dresser des postes de garde à intervalles réguliers et signe un ordre (Vernichtungsbefehl) de tirer sans sommation à la vue de chaque Herero, qu'il soit homme, femme ou enfant. Des milliers d'Hereros meurent alors de soif dans le désert. La population Herero estimée à 80 000 âmes avant le début de la guerre était réduite à 15 000 individus en 1911 (80 % de la population avait donc été exterminé).
  •  (tiré de Wikipedia, rubrique Sud-Ouest africain allemand)

Une des rares photos des Hereros survivants après la terrible bataille du Waterberg en 1904==>

800px-Surviving_Herero.jpg

 

Génocide, camps de concentration et expérimentations sur des cobayes humains, tout ceci fait penser à un prélude ou à une répétition de ce qui va se passer durant la Seconde Guerre mondiale.

Le génocide des Hereros en Namibie en 1904 fut donc bien un laboratoire de la Shoah quelques décennies avant comme le mentionne le CRAN, Conseil représentatif des Associations Noires. On pourra rajouter à cela que durant le génocide arménien en 1917, les officiers allemands présents dans la Turquie qui était leur alliée durant la première guerre mondiale n'ont pas bougé un pouce pour empêcher cela.

Lire la suite

😄 Perles de copies d'élèves à l'approche du bac

2 Juin 2012 , Rédigé par la-vague-en-creux Publié dans #Société

      Á l'approche du bac les copies d'élèves regorgent de perles recensées par les enseignants dans les copies.

En voici quelques-unes. (tiré de Libération, 2-3 Juin 2012, page 14)==>

perles-13.21.55.jpg

Pascal n'arrivait pas bien à réfléchir, donc il a écrit ses pensées.

 

Karl Marx est un philosophe qui a beaucoup écrit sur le travail, mais qui n'a jamais travaillé .

 

La philosophie consiste à trouver des réponses pour les choses qui ne posent pas de question.

 

Beaucoup d'hommes politiques font partie de l'ENA, École Nationale de l'Admiration.

 

La situation en Afrique est perplexe.

 

Staline punissait sévèrement ceux qui n'étaient pas contents envers le régime ultra-communiste en les envoyant dans la campagne manger du goulasch.

 

De Zola on retiendra Nanas, la Bête inhumaine et la Bonne du curé.

 

La majorité des Français ont voté non à la prostitution européenne.

 

Les seuls insectes qui ne meurent pas sont les coccinelles, car tout le monde sait qu'il ne faut pas les tuer.



 

Et juste pour rire, tiré du Courrier International:


Le chef de l’Etat kalmouk été kidnappé par des extra­terrestres, comme il l’a révélé le 26 avril, lors d’une interview télévisée. Le 18 septembre 1997 au soir, Kirsan Ilioumjinov était en train de s’assoupir dans son appartement de Moscou quand il a entendu quelqu’un l’appeler de son balcon. Là, il a vu “un tube à demi transparent” dans lequel il est entré, et où il a rencontré des humanoïdes portant des combinaisons spatiales jaunes. Les aliens l’ont emmené à bord de leur vaisseau spatial pour le ramener chez lui le lendemain matin, alors que son chauffeur et deux collaborateurs s’apprêtaient à ratisser la ville faute de l’avoir trouvé dans son appartement. “On me demande souvent dans quelle langue je leur parlais. Ça devait plutôt être un échange d’idées”, a déclaré le leader de cette république bouddhiste de la Fédération de Russie.

Ces révélations inquiètent en haut lieu. Le député russe Andreï Lebedev a écrit au président Dmitri Medvedev, indique le Moscow Times : il craint que Kirsan Ilioumjinov n’ait révélé des secrets d’Etat à ses kidnappeurs. Le numéro un kalmouk, à la tête de son pays depuis dix-sept ans, est aussi président de la Fédération internationale des échecs (FIDE).

 

nain-jardin.jpg

 



 


Perles lycéennes ...... Accrochez-vous ! Elles sont savoureuses !

(Les commentaires sont d'une prof de français dans le secondaire.)


- Les soldats se cachaient pour éviter l'éclatation des obus. 
(Avec raison !!!)
- Les avions lançaient des espadrilles contre l'ennemi. 
(Diminution des risques collatéraux !!!)
- A la fin, les hommes commençaient à en avoir marre d'être tués. 
(On les comprend !! !
- Après la défaite, les Français prirent comme chef le maréchal Pétrin.
(On y était!!!!)
- Le 11 novembre, tous les morts de la guerre fêtent la victoire. 
(D’où le nombre de participants)
- Sur les champs de bataille, on voit les tombes de ceux qui sont tombés, c'est pourquoi on les appelle des pierres tombales. 
(Les bras nous en tombent…)

 

MOYEN ÂGE 
- Les paysans étaient obligés de jeûner à chaque repas.
(Le régime avant l'heure)
- La famine était un grave problème pour ceux qui n'avaient rien à manger.(!!!!!!)
- Au Moyen Age, la bonne santé n'avait pas encore été inventée.
(Mais que font les chercheurs ???)
- Les Moyenâgeux avaient les dents pourries comme Jacquouilles. 
(C’est ça la culture !)
- La mortalité infantile était très élevée sauf chez les vieillards. 
(et oui !)

 

JEANNE D'ARC 
- Son nom vient du fait qu'elle tirait à l'arc plus vite que son ombre. 
(Comme un certain...)
- On l'appelait "La Pucelle" car elle était vierge depuis son enfance. 
(Sans voix !!!)
- Jeanne détestait les Anglais à qui elle reprochait de l'avoir brûlée vive. 
(Les fameuses visions !!!)


SCIENCES PHYSIQUES 
- Une bouteille d'eau explose s'il gèle car, sous l'effet du froid, l'eau devient un explosif. 
(D’où la prolifération...)
- Le passage de l'état solide à l'état liquide est la niquéfaction. 
(Exemple ?)
- Quand on a un corps et qu'on le lâche, il se casse la gueule. 
(Imparable !)
- Un kilo de mercure pèse pratiquement une tonne. 
(Hum, et un kilo de plumes … ?)
- Le cheval-vapeur est la force d'un cheval qui traîne sur un kilomètre un litre d'eau bouillante. 
(Ma préférée !
- Un avion dépasse le mur du son quand l'arrière va plus vite que l'avant. 
(J’attends la démonstration ...)
- Les atomes se déplacent dans le liquide grâce à leur queue en forme de fouet. 
(Comparaison avec ???)
- La climatisation est un chauffage froid avec du gaz, sauf que c'est le contraire. 
(Évident non ?)

 

CHIMIE 
- Le gaz sulfurique sent très mauvais. On n'a jamais entendu une odeur pareille. 
(ah, les sourds !)
- Pour rendre l'eau potable, il faut y ajouter de l'alcool à 90°. 
(explication de l'augmentation de l'alcoolémie)
- L'acier est un métal plus résistant que le bois. (!!!!)

 

MATHÉMATIQUES 
- Un polygone est une figure qui a des côtés un peu partout. 
(dur à rassembler...)
- Pour trouver la surface, il faut multiplier le milieu par son centre.
(oui, avec "une aspirine pour 2" svp...)
- Cette figure s'appelle un trapèze car on pourrait y suspendre quelqu’un.
( à chacun ses références...)
- Un triangle est un carré qui n'a que trois bordures.
(...un jardin quoi !)

 

SCIENCES ET NATURE 
- Le chien, en remuant de la queue, exprime ses sentiments, comme l'homme. 
(à vérifier !!)
- Les lapins ont tendance à se reproduire à la vitesse du son. 
(nous revenons à Jeanne d'Arc...)
- Pour faire des œufs , la poule doit être fermentée par un coq. 
(d'où l'odeur..)
- L'artichaut est constitué de feuilles et de poils touffus plantés dans son derrière.
(ça manque d'exemple)

 

LE CORPS HUMAIN 
- Le tissu tissé autour de notre corps est le tissu tissulaire.
(C’est cousu de fil blanc !!!!!)
- Le tissu cellulaire est le tissu que les prisonniers fabriquent dans leur cellule.
(toujours plus fort...)
- Le fessier est un organe en forme de coussin qui sert à s'asseoir. 
(fini les "galettes" sur les chaises...)
- C'est dans les chromosomes qu'on trouve le jeune homme (génome).
(celle-là il fallait la trouver !!)
- Quand on a mal en haut du derrière c'est qu'on a un long bagot. 
(plus bas c'est un ???)
- Les ambidextres sont des gens qui ont dix doigts à chaque main. 
( et les orteils... ?)
- L'os de l'épaule s'appelle la canicule.
(...j'ai très chaud!!!)
- C'est dans les testicules que se développent les supermatozoïdes.
(...après superman les...)
- La femme a un sexe pareil que l'homme, mais rentré à l'intérieur.
( dans toute femme, il y a un homme qui sommeille!!!)
- Quand une femme n'a plus de règles, c'est la mésopotamie.
(ainsi, elle peut aller combattre en Syrie ou en Irak...)
- L'alcool est mauvais pour la circulation. Les ivrognes ont souvent des accidents de voitures. ( !!!!!)
- Au cours de la respiration, l'air rentre par devant et ressort par le derrière.

(Ah ! enfin l'origine des flatulences ! !)

 

LES MALADIES 
- Pour aider les enfants à aller aux toilettes, on leur met des suppositoires de nitroglycérine

Lire la suite

✡ Désobéissance civile: Comment la communauté juive bulgare fut sauvée

12 Mai 2012 , Rédigé par la-vague-en-creux Publié dans #Société

Tiré de la Ligue des Droits de l'homme à Toulon

par Olivier Maurel - La non-violence active, éd. La Plage, août 2001

 

La Bulgarie est le seul pays d’Europe où les nazis se soient trouvés dans l’impossibilité de procéder à la déportation des Juifs. Sur les cinquante mille Juifs bulgares, aucun n’a péri en camp de concentration. Le processus de déportation avait pourtant été engagé ; mais il a été arrêté définitivement au cours de l’été 1943, c’est-à-dire un an avant l’entrée des troupes soviétiques en Bulgarie.

Si, dans l’état actuel des connaissances, il existe quelques doutes sur le rôle du roi, du gouvernement bulgare et du parti communiste clandestin, il n’en existe aucun sur le fait que la population bulgare a fait obstacle, par des moyens non-violents, à la déportation.

La situation des Juifs de Bulgarie avant 1941

La Bulgarie avait été soumise pendant près de cinq siècles à la domination ottomane. Chrétiens orthodoxes et Juifs s’y trouvaient alors dans une situation semblable, celle de citoyens de seconde zone, les dhimmis. Pendant la guerre qui libéra le pays des occupants turcs, en 1877, les deux communautés, chrétienne et juive, combattirent côte à côte, ce qui fit naitre entre elles un sentiment de solidarité rare en Europe.

Cependant, dès le début de 1939, et donc bien avant que la Bulgarie ne devienne une alliée officielle de l’Allemagne nazie, des organisations bulgares pro-nazies, sans doute très minoritaires, organisent des manifestations contre les Juifs et, en septembre, des attaques contre les magasins juifs de Sofia. Selon les autorités communistes au pouvoir en Bulgarie jusqu’en 1990, le Parti Ouvrier Bulgare aurait alors dénoncé ces violences.

En 1940, le gouvernement ayant été confié par le roi Boris III à Bogdane Filov, germanophile convaincu, des mesures officielles commencent à être prises contre les Juifs. Ces mesures, regroupées dans une Loi sur la défense de la nation, déclenchent, entre octobre 1940 et janvier 1941, une série de protestations émanant de tous les milieux. L’Église orthodoxe, les intellectuels, les écrivains, les organisations ouvrières manifestent leur opposition absolue à cette loi qui est cependant votée à la fin du mois de janvier 1941.

La Bulgarie alliée des nazis : premier essai de déportation

Le 1er mars 1941, la Bulgarie adhère au Pacte tripartite et devient ainsi, officiellement, l’alliée de l’Allemagne. Les armées allemandes entrent alors en Bulgarie d’où elles attaquent, en avril, la Grèce et la Yougoslavie. Les armées bulgares ne participent pas à cette agression mais sont ensuite chargées par les Allemands de contribuer à l’occupation de ces deux pays.

La situation des Juifs s’aggrave alors. Nombre d’entre eux est  assigné à résidence et un impôt spécial est créé, permettant à l’État de s’emparer du quart de leurs biens.

En juin et juillet 1942, le gouvernement bulgare reçoit les pleins pouvoirs pour la résolution de la "question juive". Il crée alors un commissariat spécial aux questions juives qui introduit le couvre-feu obligatoire, des rations alimentaires réduites, le port de l’étoile jaune. Les Juifs ne peuvent plus quitter leur lieu d’habitation ni posséder récepteurs de radio et appareils téléphoniques. Leurs maisons doivent être signalées par un écriteau, certains lieux publics leur sont interdits et leur activité économique est limitée. Et, lorsque le Ministère des Affaires étrangères allemand donne l’ordre de déportation, son homologue bulgare répond : "Le gouvernement bulgare accepte la proposition du gouvernement allemand de procéder à la déportation de tous les Juifs de Bulgarie".

Mais, au mois de septembre, suite à de nouvelles mesures antijuives, le métropolite [prélat orthodoxe] Stéphane de Sofia affirme dans un sermon que Dieu a déjà suffisamment puni les Juifs d’avoir cloué le Christ sur la croix en les condamnant à l’errance et qu’il n’appartient pas aux hommes de les torturer et de les persécuter davantage. A l’intérieur du gouvernement, certains ministres semblent hésiter. Le Ministre de l’Intérieur accepte ainsi, à la consternation des Allemands présents, de recevoir pendant une demi-heure une délégation de Juifs venus lui apporter une pétition. Un autre refuse de signer un décret prévoyant de nouvelles mesures. Le ministre de la Justice exige que le port de l’étoile ne soit plus obligatoire et qu’on mette fin à toutes les expulsions.

En janvier 1943, Théodore Danecker, qui avait déjà organisé la déportation des Juifs de France, prend en main celle des Juifs bulgares vers "les régions orientales du Reich" (en fait : la Pologne). Mais, craignant une résistance de la population, il décide de procéder par étapes. On commencera par déporter 20.000 Juifs, dont ceux de Grèce et de Yougoslavie, soit 11.343 personnes, auxquels on ajoutera 8600 Juifs bulgares, choisis parmi les Juifs "riches et éminents".

La déportation des Juifs grecs et yougoslaves fut subite et brutale. Conduits à travers la Bulgarie par deux trains jusqu’au port de Lom sur le Danube, ils furent ensuite transbordés sur quatre bateaux bulgares jusqu’à Vienne, via Belgrade et Budapest, puis conduits à Treblinka. Pendant la traversée de la Bulgarie, la population bulgare fit preuve de solidarité envers les déportés, mais le convoi ne put être arrêté. Mais lorsqu’il s’agit de déporter les 8600 Juifs bulgares prévus, les choses se compliquèrent. Ils devaient être rassemblés de trente quatre villes bulgares et envoyés dans des centres de regroupement à Pirot et à Radomir avant d’être déportés en Pologne.

A Kustendil, ville située à l’ouest du pays et où vivaient 940 Juifs, le début des opérations de regroupement provoqua une vague d’indignation. Des délégations se rendirent à la mairie pour protester contre ces mesures. De nombreux télégrammes puis une délégation composée de personnalités furent envoyés à Sofia. La protestation prit une telle ampleur que le ministre de l’Intérieur ajourna l’ordre de déportation de Kustendil. Quarante trois députés qui avaient pourtant voté la loi antijuive "sur la défense de la nation" envoyèrent une note au Premier Ministre pur s’opposer à la déportation.

A Plovdiv, 1500 à 1600 Juifs furent arrêtés dans la nuit du 9 au 10 mars. Comme à Kustendil, la population protesta par tous les moyens possibles. Le métropolite de Plovdiv, Cyrille, envoya des télégrammes de protestation au roi et au gouvernement, déclarant qu’il accompagnerait avec la croix les Juifs bulgares jusqu’en Pologne et qu’il renoncerait à sa loyauté envers l’Etat si la déportation n’était pas suspendue. Dès le lendemain, les autorités libéraient les Juifs arrêtés.

A Doupnitsa, le métropolite Stéphane, de Sofia, fut le témoin involontaire des arrestations. Indigné, il envoya un télégramme au roi Boris III : "Ne persécute pas les gens pour ne pas être persécuté à ton tour. Qui sème le vent récolte la tempête. Sache, Boris, que des cieux, Dieu voit chacun de tes actes."

Le 15 avril 1943, les membres du Saint-Synode rencontrèrent Boris III et demandèrent l’arrêt des mesures de déportation. Le roi et le gouvernement cédèrent et la déportation fut provisoirement suspendue.

Belev, le commissaire chargé des questions juives, et le SS Danecker dénoncèrent cette suspension comme une atteinte à l’accord signé avec l’Allemagne. Mais ils ne pouvaient agir de leur propre chef.

Deuxième tentative de déportation : mai 1943

Le 17 mai 1943, le commissaire chargé des questions juives propose un nouveau plan de déportation : tous les Juifs devaient être rassemblés à Sofia et dans quelques villes de province, puis transportés sur le Danube jusqu’à Lom et Somovit où les Allemands les prendraient en charge.

Le jour fixé pour le départ fut le 24 mai, date d’une fête religieuse bulgare dont les autorités espéraient qu’elle serait peu propice à des protestations.

Mais, malgré toutes les précautions prises, la nouvelle fut connue et rapidement diffusée. Et il se produisit alors une chose incroyable en Europe sous l’occupation nazie : une foule vint manifester devant le palais du roi, foule estimée par certains à dix mille personnes, au cri de "Nous voulons que les Juifs restent."

L’attaché de police allemand Hoffmann écrivit dans son rapport à la Gestapo, le 7 juin : "Le 24 mai, un grand nombre de manifestants tentèrent d’aller protester devant le palais du roi. La police les en a empêchés, arrêtant 400 personnes (...) Si la déportation des Juifs en Bulgarie se fait dans d’autres circonstances et pose plus de difficultés que dans d’autres pays subordonnés au Reich, il ne faut pas oublier que le gouvernement bulgare ne peut pas trancher d’un seul coup cette question, mais qu’il doit se prémunir contre les conséquences politiques tant dans le pays qu’à l’étranger."

Quant à l’ambassadeur allemand à Sofia, Beckerle, il écrivit le même jour à son gouvernement que les Bulgares "ne distinguent pas chez les Juifs des défauts susceptibles de justifier des mesures particulières à leur égard" et "sont particulièrement dépourvus de la compréhension idéologique allemande."

Cette manifestation n’empêcha pas l’assignation à résidence en province des Juifs de Sofia. Mais les protestations se poursuivirent, montrant que l’opinion publique n’était nullement prête à accepter la déportation des Juifs.

Troisième tentative de déportation : juin à octobre 1943

Comme on s’en doute, le gouvernement Allemand ne démordait pas pour autant de son plan de "solution finale".

En juin 1943, il envoya à Beckerle l’ordre de faire de nouveau pression sur le gouvernement bulgare. Beckerle répondit piteusement le 7 juin : "Je vous assure que nous faisons ici tout ce qui est en notre pouvoir pour parvenir de manière satisfaisante à une liquidation définitive de la question juive. Malheureusement, les pressions directes ne donnent strictement aucun résultat. Les Bulgares vivent depuis si longtemps avec des Arméniens, des Grecs, des Tziganes, qu’ils sont tout bonnement incapables de comprendre le problème juif". Il ajoutait toutefois que l’expulsion de 2000 à 3000 Juifs de Sofia touchait à sa fin, qu’ils étaient logés dans des écoles et qu’ils seraient déportés à la rentrée.

Le commissariat aux questions juives, cependant, élabora un troisième projet de déportation, le 1er juillet 1943. Il s’agissait de réunir les Juifs internés dans dix -sept petites villes, à proximité d’une voie ferrée afin de faciliter le transport des Juifs en Europe de l’Est. On continua donc à interner les Juifs des grandes villes du pays dans les écoles des petites villes, à raison de 50 à 60 personnes par salle, dans les conditions qu’on peut imaginer.

Mais la déportation ne put avoir lieu car la pression de l’opinion publique était entretenue par la radio et les journaux clandestins.

L’ambassadeur allemand dut reconnaitre son échec le 18 août 1943 : "Pour le moment, il est inutile d’insister pour cette déportation. Il faut tenir compte du désir évident du gouvernement bulgare d’éviter pour l’instant toute sorte de collision politique intérieure découlant de la question juive, tout comme de faire sensation au delà des frontières du pays. Il faut remettre le règlement de la question juive à plus tard, lorsque les succès remportés par l’Allemagne ressortiront au premier plan."

Après la mort du roi Boris III dans des circonstances restées obscures, au retour d’une visite rendue à Hitler, le gouvernement fut remanié et le nouveau ministre de l’Intérieur dut reconnaître : "la question devient toujours plus préoccupante. Ceci est dû au fait que nous n’avons pas réussi à les déporter. Il ne peut plus être question de revenir en arrière... Nous n’allons plus déporter les Juifs. Ils resteront là où ils sont.."

C’est effectivement ce qui se passa. Les Juifs connurent des conditions de vie très dures mais aucun d’eux ne fut déporté.

Le 30 août 1944, quelques jours avant l’entrée des troupes soviétiques en Bulgarie, la législation antijuive fut abrogée.

On a quelquefois attribué l’échec de cette déportation aux revers subis par les Allemands sur le front russe et sur le front italien. Mais il suffit d’observer les dates et de comparer avec ce qui s’est passé dans les autres pays pour voir que ces revers n’y sont pour rien.

En effet, dans les pays où les déportations ne se sont pas heurtées à une opposition aussi déterminée, les opérations de déportation se sont poursuivies jusqu’aux derniers moments de la guerre. Ainsi, en France, le dernier convoi pour Auschwitz a quitté le camp de Drancy le 31 juillet 1944, soit près de deux mois après le débarquement de Normandie et alors que la situation des troupes allemandes était pratiquement désespérée. En Hongrie où les troupes allemandes n’ont pris en main la déportation des Juifs qu’à partir de mars 1944, ils l’ont poursuivie jusqu’en novembre de la même année, alors que les troupes soviétiques se trouvaient à 160 kilomètres seulement de Budapest.

Or, en Bulgarie, les tentatives de déportation ont dû cesser plus d’un an avant que les troupes soviétiques n’entrent en Bulgarie. C’est bien la résistance civile du peuple bulgare, et elle seule, qui a sauvé la communauté juive de ce pays.

P.-S.

Sources :

 

- Hannah Arendt : Eichmann à Jérusalem, Gallimard, 1963. 
- David Benvenisti : Les Juifs de Bulgarie sauvés de l’holocauste, Sofia-Presse, 1988. 
- Raul Hilberg : La Destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988. 
- Léon Poliakov : Bréviaire de la haine, le IIIe Reich et les Juifs, Ed. Complexe, 1979.

Lire la suite